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La journée commença fort mal pour monsieur le prince de Condé. Un messager, abusé par la distinction et l’apparente qualité de celui qui le lui avait remis, apporta en effet en grande urgence un pli dont le prince prit aussitôt connaissance et sur lequel se voyaient deux encres qui n’avaient point même couleur et se pouvaient déchiffrer deux écritures différentes qui se faisaient suite, la sienne et celle d’un inconnu.

Il lut :

« Ordre de ne point laisser entrer en la ville de Paris le comte de Nissac. Signé : Prince de Condé »

« Le comte de Nissac est entré en la ville de Paris en dépit du prince de Condé. Signé : Général-comte de Nissac »

Le prince froissa rageusement le billet en maugréant :

— Il payera de sa vie son insolence !

Cependant, cette journée du 1er juillet 1652 réservait d’autres surprises au prince de Condé, et pas toutes des meilleures.

Divisant l’armée royale en deux parties, dont il confia l’une au maréchal de La Ferté, Turenne attaqua l’armée de Condé, très inférieure en nombre, par les deux rives à la fois, rendant inutile le pont de bateaux que le prince avait fait construire à Épinay et qui lui aurait permis de fuir Turenne si celui-ci avait attaqué depuis une seule rive, sans tronçonner ses forces.

Cependant, le prince de Condé réagit avec cette rapidité qui faisait de lui un très grand chef de guerre.

Comprenant la finalité du mouvement des troupes de La Ferté, Condé prit Turenne de vitesse et ambitionna de se réfugier avec son armée en la presqu’île de Charenton où les rivières de Seine et de Marne mêlent leurs eaux.

Dans la nuit et en secret, il fit traverser la Seine à son infanterie, l’artillerie et la cavalerie empruntant le pont de Saint-Cloud. En deux heures, le mouvement d’une belle audace était achevé et l’armée du prince sur la rive droite, pressée à tout instant par Condé lui-même et ses généraux Nemours et Tavannes.

Alerté, le maréchal de Turenne, tout aussi entreprenant, attaqua immédiatement, sans même attendre le retour du maréchal de La Ferté qui commandait un gros de troupes et l’artillerie royale.

Le choc eut lieu au nord de Paris, en le village de La Chapelle et, aussitôt, plusieurs escadrons du prince, malgré leur courage, furent défaits.

Monsieur le prince de Condé se sentait perdu, sachant que Turenne attaquerait à l’aube avec toute son armée ; aussi installa-t-il ses troupes devant les murs de Paris, Porte Saint-Antoine, à un jet de pierre de la Bastille.

L’aube du 2 juillet se leva sur cette situation étrange où Condé privé de son artillerie qui n’avait point rejoint se trouvait dos au mur de Paris, les échevins ayant ordonné la fermeture des portes, tant était grand le risque de voir les Parisiens se grouper par milliers pour aider le prince hier haï et devenu chéri dès l’instant où il se trouva en très grand péril, car ainsi va parfois généreusement le cœur du peuple.

Deux des plus grands chefs militaires de l’histoire du royaume de France allaient s’affronter en la dernière grande bataille de la Fronde mais en un rapport de forces très inégal : le prince de Condé disposait de cinq mille hommes, dont des soldats espagnols, le maréchal de Turenne de plus de douze mille et d’un armement considérable.

Mais, perdu pour perdu, le prince avait choisi son terrain en un trait de pur génie militaire. Paris lui étant fermé, les canons de la Bastille, au-dessus de lui, inutiles et muets en raison de la neutralité des échevins, il disposait cependant d’un atout : devant la Porte Saint-Antoine où attendait son armée partaient trois rues, celle de Charonne, celle du Faubourg Saint-Antoine et la rue de Charenton selon une orientation nord-sud en cet énoncé.

En chacune de ces rues, les Condéens avaient élevé solides barricades et utilisé d’anciens retranchements tandis que monsieur de Turenne se trouvait dans l’obligation de fractionner ses troupes en trois, incapable, en ces conditions, de donner le solide coup de boutoir qui eût balayé les Frondeurs.

Pendant des heures, en ces trois rues, Turenne envoya charger sa cavalerie contre les barricades et, chaque fois, elle fut repoussée, le prince se trouvant au tout premier rang, l’épée à la main.

On ne comptait plus les cadavres, mais l’armée du prince ne reculait point, occupant les maisons voisines, faisant percer des trous en les murs et y plaçant des tireurs quand les fenêtres ne suffisaient point. De mémoire de Parisiens, qui regardaient la bataille sous les murs de la ville, on ne se souvenait pas d’avoir vu chaque pouce de terrain si âprement attaqué et défendu.

Les chefs condéens se multipliaient en tout point, et particulièrement le duc de Nemours et le baron de Clinchamp. Nerveux, Condé et La Rochefoucauld se tenaient en une ultime réserve, avec cinquante grands noms de la noblesse française, place Saint-Antoine d’où partaient les trois rues en lesquelles se livraient sanglants combats.

Un premier maillon cassa en le dispositif condéen sous la pression du marquis de Saint-Mesgrin, lieutenant-colonel des chevau-légers de la reine, épaulé par le propre neveu de Mazarin, Mancini, le marquis de Nantouillet et la cavalerie. Agacés par la résistance de la barricade défendue par d’excellentes troupes condéennes commandées par le comte de Tavannes, lieutenant-général, et Lanques, maréchal de camp, Saint-Mesgrin lança une charge si violente qu’il emporta les retranchements puis la barricade de la rue de Charonne, subissant cependant des pertes en raison des tireurs isolés condéens qui, depuis les maisons, faisaient mouche presque à tout coup. Le roi et Mazarin, qui suivaient la bataille depuis la colline de Charonne, s’énervaient. On fit donc donner l’infanterie pour déloger les tireurs embusqués de la Fronde et chacun eut l’impression d’une forme de guerre nouvelle : on s’entretuait quartier par quartier, jardin par jardin, maison par maison, étage par étage, se fusillant à bout portant. Et seule la haine unissait les soldats du royaume des Lys, qu’ils fussent royaux ou condéens.

Tavannes, le général de la Fronde dont dépendait l’ensemble de la rue de Charonne, reculait en désordre et bientôt, en une ultime et très violente charge, Saint-Mesgrin conquit toute la rue, arrivant le premier à la Porte Saint-Antoine où ne restaient plus que Condé lui-même et ses cinquante gentilshommes.

Cependant, à la surprise générale, Condé et ses hauts seigneurs chargèrent la cavalerie royale avec cette violence extrême qui était la manière du prince. Le marquis de Nantouillet fut tué aussitôt, puis le marquis de Saint-Mesgrin et Paolo Mancini, neveu de Mazarin, qui venait d’avoir dix-sept ans.

La panique changea de camp. Sans chefs, la cavalerie royale tourna bride suivie en toute hâte par les fantassins du maréchal de Turenne. Réoccupant aussitôt les maisons d’où ils venaient d’être chassés, les tireurs condéens se postèrent aux fenêtres et meurtrières, tirant sur les hommes en fuite dont ils faisaient un grand massacre.

Après avoir suivi sous la conduite de Florenty un long tunnel qui passait sous les murs de Paris, les Foulards Rouges sortirent discrètement, un à un, par un soupirail de la rue de Charonne.

Nissac avait compris qu’ici, avec les maisons, jardins et clôtures, on se livrait bataille de rues et non guerre classique.

D’un sac qu’il portait à l’épaule, Frontignac sortit des écharpes Isabelle, à quoi se reconnaissaient les soldats de Condé quand ceux de Gaston d’Orléans se distinguaient par écharpes bleues, les Espagnols des rouges, les partisans du cardinal des vertes et ainsi de suite pareillement pour chaque faction.

Le marquis de Dautricourt, ne trouvant point le procédé conforme aux lois de la guerre, s’attira remarque acide du comte de Nissac qui, en outre, portait en brassard une jarretière de soie rouge et dentelle blanche de madame de Santheuil :

— Monsieur, nous ne faisons pas la guerre mais la guerre civile. Ici, on tue son voisin, son ami, parfois son frère.

Les Foulards Rouges traversèrent silencieusement un jardin, changèrent d’écharpes et entrèrent au rez-de-chaussée d’une vaste maison en s’annonçant :

— Service du cardinal !…

La dizaine de Condéens portant l’écharpe Isabelle, et qui tiraient sur l’infanterie royale en fuite, furent stupéfaits de découvrir ces hommes et cette femme portant foulards rouges leur dissimulant le bas du visage mais surtout, de l’épaule à la taille, la large écharpe vert émeraude de l’armée de Mazarin.

On se battait cruellement, surtout en ces espaces clos. Nissac avait prévenu de ne point laisser une chance à l’adversaire. Appliquant la consigne, et tandis que les Condéens tournaient déjà leurs mousquets vers les Foulards Rouges, ceux-ci détendirent le bras. Sept couteaux de jet atteignirent les gorges ou les visages de Condéens puis, chaque Foulard Rouge sortant deux pistolets de sa ceinture, on fit feu sur les survivants. Dès après, on n’eut point besoin de recourir à l’épée pour achever la besogne.

Du canon de son pistolet, le comte désigna l’étage au-dessus et les siens le suivirent, y exécutant cinq nouveaux Condéens qui tiraient dans le dos des troupes royales en retraite.

Redescendant, et s’apprêtant à traverser un nouvel espace découvert pour gagner la maison suivante, les Foulards Rouges ôtèrent leurs écharpes vertes – ils préféraient combattre et éventuellement mourir sous leur couleur – pour passer l’écharpe Isabelle, d’un étrange brun-jaune clair, qui était couleur des troupes du prince de Condé.

Ils avaient déjà débarrassé de la présence des Condéens cinq maisons où l’on tirait à revers les soldats du roi.

Croisant le regard de Dautricourt, le comte lui dit :

— Rappelez-vous Étampes, Corbeil et tous ces villages autour de Paris. Des villages abandonnés, des maisons saccagées et brûlées, des centaines de cadavres pourris, des églises profanées, la moisson perdue. Souvenez-vous de cela, marquis, et vous serez moins ému du sort des Condéens qui se font spécialité de tirer dans le dos des nôtres, qui sont loyaux soldats du roi, me semble-t-il !

Condé, en son élan, avait dégagé et repris toute la rue de Charonne.

Nemours, de son côté, avait refoulé en lui infligeant de lourdes pertes la cavalerie royale entrée sans grandes précautions en la rue de Charenton.

Mais, comme on sait, trois artères partaient de la place située sous la Porte Saint-Antoine, et c’est précisément en la médiane, la rue du Faubourg-Saint-Antoine, que monsieur de Turenne attaqua en personne la barricade des Frondeurs commandée par le général-baron de Clinchamps, brillant gentilhomme lorrain au service de l’Espagne.

Le corps d’armée de monsieur de Turenne avait grande allure, allant au pas et en ordre parfait. Rien ne lui résistait. Les retranchements furent pris les uns après les autres, la barricade principale tomba, le général de Clinchamps fut défait et Turenne avançait toujours lorsque le prince, une fois encore, brisa l’avance du maréchal en débouchant d’une rue perpendiculaire avec sa maigre réserve de gentilshommes.

Monsieur de Turenne fut contraint de reculer, mais pour charger de nouveau et reprendre la barricade gagnée puis perdue. À peine en les lieux, le maréchal dut subir une violente attaque du prince et perdit pour la seconde fois la barricade.

Ses soldats acclamaient le prince. On le voyait en chaque endroit où les Condéens faiblissaient et menaçaient de perdre pied.

La sueur lui coulant de partout, on lui ôta sa cuirasse et, une fois nu, il se roula sur l’herbe, s’y vautra, avant de se rhabiller pour courir là où le danger l’appelait.

Pour le prince, chaque mètre de terrain comptait. Il savait que la force morale épaule l’ardeur des combattants et, en dépit de leur petit nombre, les Condéens avaient partout depuis des heures tenu en échec l’armée royale.

Mais en face, monsieur de Turenne réfléchissait lui aussi, relevant les escadrons étrillés pour les remplacer par des troupes fraîches.

Ayant échoué rue de Charonne, il choisit alors de concentrer son effort sur la rue de Charenton, où commandait le duc de Nemours qui plia sous le choc.

Apprenant la nouvelle, Beaufort, arrivé de Paris avec une poignée de miliciens, La Rochefoucauld et tous les gentilshommes disponibles se lancèrent à la reconquête, aidés par Nemours qui avait regroupé ses troupes défaites.

Les trois ducs se mirent à la tête de leurs troupes pour cette contre-attaque délicate.

Les Foulards Rouges se déplaçaient eux aussi, se portant partout où la Fronde se montrait menaçante afin de freiner son avance, mais également là où elle perdait pied, espérant créer une de ces situations de rupture par où s’engouffre la victoire.

Le comte de Nissac, dès qu’il organisa les Foulards Rouges, avait souhaité que chacun, s’il excellait en une chose, fût adroit en les autres : qu’il faille tenir une épée, un poignard, un pistolet ou un mousquet… mais, sur ce dernier point, nul ne pouvait entrer en concurrence avec le baron de Florenty.

Celui-ci avait installé son mousquet sur un bord de fenêtre et déjà abattu deux gentilshommes proches de Nemours lorsqu’il reconnut, assez loin, Beaufort.

Chez les Foulards Rouges, Beaufort était le plus détesté des grands Frondeurs et sans doute serait-il mort sur l’instant si La Rochefoucauld, se déplaçant, n’avait masqué le « Roi des Halles ».

La balle, emportant chairs et sang, atteignit La Rochefoucauld aux yeux, l’obligeant à errer sans rien y voir, pathétique aveugle tournant en cercle.

Florenty, d’abord déçu, secoua la tête puis, caressant son mousquet :

— C’est tout de même un duc !

Déjà, arrivé sur les lieux, le prince de Condé jugeant la situation d’un regard, ordonna le repli vers la petite place devant la Porte Saint-Antoine d’où partaient les trois rues.

Puis, on entendit des cris.

L’artillerie royale, enfin arrivée, prenait les trois rues en enfilade. Presque aussitôt, les Condéens abandonnèrent retranchements et barricades pour se grouper sur la petite place, sous les murs de Paris, où les boulets du maréchal de La Ferté commençaient à les tailler en pièces.

Alors que tout semblait fini, et l’horrible guerre civile à quelques minutes de sa fin, la Porte Saint-Antoine s’ouvrit, l’armée condéenne s’y engouffrant en le plus grand désordre pour entrer dans Paris.

Les visages passés à la suie et méconnaissables, les Foulards Rouges portaient à présent les écharpes rouges des troupes espagnoles, menées en apparence par le marquis de Dautricourt et une jolie femme – Mathilde – qui arboraient l’écharpe Isabelle.

Puis ils prirent place dans l’interminable file d’attente qui patientait pour entrer en la ville.

Déjà, gourmande, l’armée royale s’avançait pour massacrer les arrières de l’armée en déroute massée devant la porte lorsque, à la stupéfaction du roi, de Mazarin, de monsieur de Turenne et des Frondeurs eux-mêmes, les canons de la Bastille fauchèrent les premiers rangs des soldats loyalistes, et continuèrent de tonner.

Se faisant voler sa victoire, l’armée royale, la mort dans l’âme, recula.

Les foulards rouges
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